Il y a un truc qui m’a toujours énervée depuis le tout début de ma démarche vers une consommation plus respectueuse, avec lequel j’arrive par moments à prendre de la distance, et qui parfois me revient comme un boomerang : les saboteurs.
Je vous donne ma définition du saboteur :
« Le saboteur est une personne, sur les réseaux sociaux ou dans la vraie vie, qui ne peut s’empêcher de commenter le moindre petit pas dans le bon sens d’un de ses congénères sans lui pointer son incohérence ou lui dire que ce n’est pas assez. Une sorte de chevalier du Bien, de la Vérité et de la Pureté, en quelques sortes. »
Pour mieux comprendre, j’ai relevé 3 cas de sabotage :
1/ A la sortie de notre livre « J’arrête de surconsommer, 21 jours pour sauver la planète et son porte-monnaie » avec Herveline, un petit groupe de saboteurs a déversé sa frustration sur nous en nous disant que :
– Payer pour un livre qui apprend à arrêter de surconsommer, c’est quand-même aberrant.
– On produisait des déchets en créant un livre en papier avec de l’encre dessus.
– Si notre démarche était vraiment sincère, on aurait fourni tout notre contenu sur des fichiers PDF et on l’aurait distribué gratuitement.
Ce que ça nous apprend sur les saboteurs :
– Le saboteur agit de manière impulsive sans connaître ou même prendre en compte tout le reste de l’ensemble des actions de la personne à qui il exprime son mécontentement. Le saboteur est un mécontent chronique, en fait.
– Le saboteur n’a pas compris que la cohérence, c’est propre à chacun, et c’est ça qui est super intéressant. J’aimais beaucoup leur répondre : « Tiens, en parlant de déchets et de pollution, tu m’écris avec quoi là ? »
2/ La vidéo d’Enjoy Phoenix : « Pourquoi je ne vais plus recevoir de produits de la part des marques »
La nana elle prend la peine de faire une vidéo looooooooongue, où elle explique toute sa démarche, comment elle en est arrivée là, et combien elle n’est pas parfaite et cohérente, mais qu’elle est sur le chemin.
Réactions :
– C’est facile de dire ça après les ovaires en or que tu t’es fait avec les marques
– Ouais tu dis ça mais tu sors un produit en collaboration avec une marque en même temps
– C’est que du pipeau, tu surfes sur la vague business du bio
(soupir)
Ce que ça nous apprend sur les saboteurs :
– Le saboteur a un œil de lynx sur les imperfections des autres
– Le saboteur a un postulat de départ dans sa tête qui ne bougera pas, tu auras beau faire la danse du ventre pour essayer d’attirer son attention sur autre chose, il ne te verra pas. Dans notre exemple : postulat de départ : « Les YouTubeuses beauté c’est le mal. Point. »
– Le saboteur ne réfléchit pas en terme d’impact. Tellement occupé à gratouiller son postulat de départ pour le faire ronronner, ça ne lui effleure même pas l’esprit que des MILLIONS de personnes vont être impactées par cette YouTubeuse et changer leur manière de consommer. Ni qu’en une vidéo elle aura un impact plus positif sur la consommation de millions de gens que lui dans toute sa vie.
3/ Le lundi vert : une action lancée par 500 personnalités, artistes et scientifiques pour inciter les gens à ne pas manger de viande le lundi.
Je l’ADOOORE, cet exemple de sortie de tanière massive des saboteurs, car ça sabote dans tous les sens, et même des sens complètement opposés :
– T’façons, un seul jour par semaine ça sert à rien : go vegan !
– Foutez-moi la paix je mange ce que je veux
– C’est quand-même honteux et révoltant cette action alors que des gens n’ont MEME PAS les moyens de manger de la viande une ou 2 fois par semaine !
– Et puis cette violence, OMG, j’ai lu des gens se faire insulter de tous les noms pour avoir des avis divergents.
Ce que ça nous apprend sur les saboteurs :
– Quoiqu’on fasse ou dise, sabotage il y aura. J’avoue que depuis que j’ai vu ça, j’ai vraiment eu un éclairage nouveau sur le sabotage et ça m’a vraiment libérée.
– Il y a des sujets qui sont des aimants à saboteurs. Si un sujet est « touchy » : argent, écologie, vie animale, écologie, etc…, qu’il touche à des valeurs profondes, alors les réactions sont épidermiques et incontrôlées.
Attention au « gentil saboteur »
Là j’ai pris des exemples assez flagrants, avec des réactions visibles et parfois violentes.
Mais combien de fois, je lis du « sabotage doux » du genre « C’est dommage que tu fasses ci ou ça », ou bien « Oui MAIS. » Exemple : « OK t’as une brosse à dents en bambou MAIS le bambou vient de Chine. »
Des fois, je l’avoue, j’ai envie de troller les saboteurs.
#modebienveillanceoff
« Ouais t’as raison, pour ma brosse à dents, je vais plutôt me tourner vers du plastique en pétrole français. »
« Ouais t’as raison, Enjoy Phoenix qu’elle continue à utiliser des marques de merde, non mais elle se prend pour qui cette pimbêche ? »
« Ouais t’as raison, je n’écrirai plus jamais de livre, d’ailleurs à partir d’aujourd’hui je fais vœu de pauvreté, j’emménage sous un pont avec un duvet et un ordi. Bah oui faut bien un ordi pour que je puisse continuer à te fournir du contenu gratuit. Tu me passeras un peu de WiFi ? Trop merci. »
« Ouais t’as raison, manger de la viande est un signe extérieur de richesse, c’est absolument nécessaire d’en manger 2 fois par jour pour être en bonne santé et puis qu’est-ce qu’on en a à foutre de la souffrance animale et de l’impact environnemental hein, après nous le déluge, gimme five. »
Vous avez le droit de faire ça dans votre tête.
Et autrement, voici quelques pistes pour lutter contre les saboteurs :
– La 1ère, qui pourrait même être la seule et l’unique : renforcez-vous de l’intérieur.
Nan, je parle pas de smoothie détox ni de gainage, je parle d’être bien au clair avec vous-mêmes, vos valeurs et vos actes. Si vous savez pourquoi vous faites les choses, que ça vous correspond et que ça vous rend heureux, les paroles des saboteurs glisseront sur vous comme une légère brise matinale effleure le chêne centenaire.
(Des fois je me fais peur)
– Faites pour vous, n’essayez pas de convaincre. Bien sûr, si on vous pose des questions, vous pouvez répondre. Mais vous justifier et essayer de partir en croisade pour convertir les pauvres âmes égarées est un aimant à saboteurs. Je vous aurais prévenus.
– Pensez à l’accord toltèque n°2 : « N’en faites pas une affaire personnelle »
Le saboteur ne vous parle pas à vous en fait. Il essaie juste de se convaincre qu’il est une bonne personne (je ne dis pas qu’il ne l’est pas, ceci dit).
Par contre, il s’y prend un peu comme un manche, parce qu’au lieu de faire de son mieux (accord toltèque n°4), il essaie de se persuader que les autres font moins bien que lui, ou alors que s’il n’agit pas, c’est parce que ça ne sert à rien. Bah oui, c’est pas très confortable de savoir ce qu’il faudrait faire et de ne pas le faire, notre mental n’aime pas, du coup il va squizzer des infos exprès.
En bref : les saboteurs sont énervants, c’est clair.
Mais ne les laissons pas creuser notre ride du lion.
D’ailleurs, ne faisons pas comme eux à aller chercher ailleurs ce qui ne va pas et posons-nous la question : est-ce qu’on est pas un peu des saboteurs parfois nous aussi ?
Est-ce qu’on n’essaierait pas de repérer quand on fait ça pour encourager au lieu de nous focaliser sur ce qui est imparfait ?
Je vous laisse avec ça !
Free hugs à tous, saboteurs inclus !
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Saboteur, pervers, négatif, comme c est humain, tu as bien raison, il faut laisser braire……. C est aussi vrai que si un jour, on est mal dans sa peau, ou, si on est attaqué par cette sale maladie qu est la jalousie…… On a en nous ce diable de saboteur. Comme ça fait du bien, alors, d envoyer une ruade 😉
Joli message, bien tourné et bien pour continuer à faire attention à rester dans la bienveillance!
Merci de partager tes ressentis 🙂
Pour moi le plus dur et de ne pas le faire avec moi même ! Je suis plus bienveillante avec les autres qu’avec moi… C’est mon travail personnel du moment!
Très intéressant ! Effectivement sur le groupe GBEM on sabote les saboteurs et c’est en partie ce qui rend le groupe si populaire! Chacun son rythme et à bas la perfection !
Par contre, je trouve difficile de voir le mal à donner une piste d’amélioration, je ne vois pas ça comme du sabotage gentil mais comme une remarque qui peut amener une réflexion… Tu sais, « oui c’est en bambou, mais ça vient de Chine ». Ça peut aider à trouver une meilleure alternative ou bien peut être même amener une nouvelle info à la personne (genre « tiens, je savais pas que ça venait de Chine »)
Qu’en pensez-vous ?
J’en pense que ça ne sert a rien de dire a quelqu’un qui est content de sa brosse a dents en bambou qu’elle vient de Chine POINT.
Soit on a une alternative meilleure a lui proposer donc ça l’aide, soit on pose le questionnement comme étant le sien et on demande des réponses.
Pour moi le saboteur c’est celui qui pose juste sa bouse et qui s’en va sans faire avancer le shmilblik 😊
Des fois ça peut être fait sans volonté « d’embouser » celui ou celle à qui on dit ça. Ça peut être simplement un partage à voix haute de ses propres réflexions. Juste comme ça. Ou au contraire pour échanger avec l’autre pour voir si de son côté il / elle a réfléchi à la question et peut nous faire avancer sur la démarche.
Genre « ah moi aussi j’ai une brosse à dents en bambou compostable. Ce qui me chiffonne c’est qu’elle soit en bambou… Je me demandais l’autre jour si une brosse en plastique dont tu gardes le manche à vis et peut changer uniquement la tête, ça n’avait pas à long terme un impact moindre sur l’environnnement ? Je ne sais pas trop quoi en penser. T’en penses quoi toi ? »
Ça je pense que ça pourrait être qqchose que je pourrais dire, sans avoir l’impression de nuire à la personne avec qui j’echange. Pour vous ça reste de l’ordre du sabotage ?
(Ceci est une question neutre en vue de m’améliorer ☺️ Aucune intention perfide de contradiction-pour-le-plaisir cachée dedans)
Pfffff … pardon, mal réveillée.
1/ dans mon exemple il faut lire : « ce qui me chiffonne c’est qu’elle VIENNE DE CHINE », pas « qu’elle soit en bambou » 🤪
2/ je réalise en me relisant que mon exemple entre très probablement dans ce que vous appelez « poser le questionnement comme étant le sien »
3/ pardon 😑 y’a pas de fonction « effacer » sur ce qu’on a posté. Je vais donc assumer mon caca.
MDR Gaëlle! Merci Marie et Gaëlle pour ce petit échange. Je pense que ton exemple rentre dans « poser le questionnement comme étant le sien ».
Pour répondre à Marie, oui, je vois ce que tu veux dire.
Bonjour, et merci pour cet article. C’est perturbant de se rendre compte un mardi matin qu’en fait, des fois, je m’auto-sabote… On est 2 dans ma tête :l’extremiste du zéro-déchet-décroissant et l’auto-saboteur! On passe de sacrées soirées ensemble 😊
MDR! C’est vrai, faut parler de l’auto-saboteur!
À la sortie de l’étude critique sur « le système Pierre Rhabi » je m’étais fait cette remarque. Ça m’avait semblé être dans la même veine que celui qui te pointe en ricanant parce qu’au pot de Machin tu bois dans un gobelet en platisque alors que t’es supposé.e essayer de limiter ton impact écologique – te fait remarquer avec un sourire narquois celui ou celle qui mange tous les jours dans de la vaisselle jetable.
Après je n’ai pas creusé plus loin. Cette étude était peut-être tout à fait pertinente et justifiée. Mais j’ai eu peur que le message de fond – auquel j’adhère – soit jeté avec le système s’il s’avérait qu’il était effectivement perverti…
Je partage beaucoup de choses sur mon profil perso car en tant que tatoueuse je suis « suivie » par plein d' »amis facebook », chaque démarche qui me parait pouvoir faire avancer le process vers le zéro déchet ou l’écologie je la partage. Lors d’un partage sur le lundi vert j’ai eu une nana végé qui m’a violemment exprimé que c’était nul que des personnalités poussent les gens à faire ça, tout le monde sait déjà l’impact sur l’écologie et les animaux toussa toussa, go vegan !!
J’ai respiré profondément et pris la peine de lui rpondre avec bienveillance parce que je sais qu’elle partage mes valeurs et n’a pas compris l’impact de cette démarche. Par contre si quelques amis carni m’ont posté des petits trollages qui m’ont fait sourire, quelques vrais saboteurs se sont permis des commentaires qui m’ont bien gonflé entre autres le fameux « je mange ce que je veux fait pas yièch », j’avoue… je les ai viré, mon esprit est bien plus serein sans ces personnes dans mon fil d’actu ^^
D’un coté je suis d’accord avec toi que le perfectionnisme que poussent certaines personnes peut être déprimant (et culpabilisant). Et d’un autre, certaines remarques récurrentes (lues dans les commentaires de Youtubeurs écolo, minimaliste, autre…) m’ont fait réfléchir et me remettre en cause. Pourtant, je les prenais mal au départ. Par exemple, sur les voyages en avions, beaucoup d’écolos/minimalistes sont critiqués par des « saboteurs » comme tu les appelles. Et bien, à force de voir ces remarques, ça m’a fait réfléchir et me remettre en cause sur ce désir de voyages lointains fréquents, parce que, non, le « je compense » n’est pas toujours un argument suffisant. Parce qu’ils ont raisons : c’est absolument désastreux pour l’environnement. D’ailleurs, n’est-ce pas en partie les remarques qu’Enjoy Phoenix recevaient qui l’ont fait se remettre en cause, au moins en partie ? Après je suis d’accord qu’il y a une manière correcte de dire les choses ! C’est tout de même une certaine dose de culpabilité qui nous a conduit dans ce mouvement. Bien sûr comprendre qu’on ne peut pas être parfait, et qu’on ne peut pas faire que des choses bonnes pour l’environnement. Ça n’empêche pas de se remettre en cause et de tomber dans des pièges (je crois que c’est plus écolo, mais ça ne l’ai pas forcement, (piège du greenwashing). J’espère que j’ai été clair et pas trop culpabilisante, bravo pour ce que tu fais et pour inspirer les gens à consommer mieux ! Peace