Etre le seul végé de la famille (et bien le vivre!!!!!!!!!!!)
Voilà bien un sujet qui revient très souvent dans les groupes de végés:

Comment faire quand on est le seul végé de sa famille?

C’est un sujet qui m’inspire beaucoup et à propos duquel j’avais envie d’écrire depuis un petit moment puisqu’il se trouve que j’ai été confronté à ça!
Je suis la seule végé de ma famille, que ce soit dans mon foyer, dans ma famille élargie, et même parmi mes amis, même si de plus en plus le sont devenus.

J’avais donc envie de vous faire part de mon expérience, sachant qu’il ne s’agit que de MON expérience, que chacun vit son végéta*isme de manière différente, a un entourage différent, qui va réagir différemment, etc…

Voici un petit tour des questions/problèmes les plus fréquents:

• L’annonce
Comment annoncer qu’on devient végé dans une famille où les gens sont obligés de prendre un dictionnaire pour comprendre de quoi ça cause???

Pour ma part, je n’ai pas choisi de faire un coming out de manière très solennelle. Je n’ai pas fait une grande annonce générale.
J’ai attendu de voir les personnes à tour de rôle et d’être confrontée au fait de manger avec elles.
J’ai alors expliqué le plus simplement du monde que j’avais décidé d’arrêter de manger des animaux.
Je précise que je suis végétalienne chez moi mais que je me simplifie la vie pour le moment en étant végétarienne à l’extérieur quand c’est compliqué de faire autrement.
Je sais que cela ne conviendrait pas à tout le monde, mais c’est mon propre cheminement.
J’ai bien sûr eu droit à tout un panel de réactions et de questions, mais rien d’absolument malveillant. Jamais.
Quelques personnes de mon entourage ont perçu ça comme une lubie au début, mais j’ai misé sur le temps pour leur faire comprendre que ce n’était pas le cas, je n’ai pas cherché à les convaincre a priori.
Grand bien m’en a pris, je n’ai pas utilisé d’énergie pour rien et au bout d’environ un an il était acquis pour tout mon entourage que ce n’était pas une passade mais bien un choix durable.
Franchement, je n’aime pas donner de conseils, mais j’ai vraiment pu constater qu’il ne servait strictement à rien de s’énerver: quand on est convaincu au fond de soi du bien fondé de ce que l’on fait, on n’a pas besoin d’en rajouter 3 caisses.
Facilitez-vous la vie!

• Je vis chez mes parents et ils sont contre cette idée
Je pense qu’il est absolument inutile de chercher à convertir ses parents, ni qui que ce soit d’ailleurs. Il s’agit d’un choix personnel, voire même intime, quelque chose qui fait partie de l’expérience et qu’on ne peut pas du tout transposer.

Si on m’avait dit, ne serait-ce que 2 mois avant ma décision, que je deviendrais végé, je ne l’aurais pas cru, et si en plus on avait essayé de me forcer, me convaincre, je sais d’office que ça n’aurait pas fonctionné.
Donc oui, c’est dur d’être seul, de se sentir incompris, et de voir que d’autres n’ont pas la même sensibilité que nous concernant la vie et la souffrance des animaux, mais vraiment, économisons notre énergie pour être efficaces.
Les réseaux sociaux m’ont personnellement été d’une grande aide dans mes questionnements, pour ne pas me sentir seule.
Cela est d’autant plus vrai pour un jeune qui vit chez ses parents et qui n’a pas d’autonomie financière.
Je pense sincèrement du fond du cœur que les parents devraient entendre la demande de leurs enfants de ne plus manger d’animaux, et qu’un dialogue devrait s’instaurer.
Mais quelques fois la qualité de la relation fait que ce n’est pas possible.
J’invite les jeunes à essayer au maximum de dialoguer avec leurs parents, surtout en leur faisant comprendre qu’un équilibre alimentaire est possible sans viande.
Je crois sincèrement que les parents s’inquiètent de ça avant tout. Ils s’inquiètent pour vous, d’autant que le végétarisme est encore mal connu.
Je n’ai évidemment pas de solution miracle face à des parents résolument contre le végétarisme.

• Mon mari et mes enfants sont omnis
Encore une fois, je n’ai jamais cherché à convertir qui que ce soit.
J’en parle ouvertement et librement quand on me questionne, mais je ne vais pas plus loin. Je ne suis, par exemple, pas du tout une militante de la cause animale.

Avant que je ne devienne végé, nous étions déjà une famille avec une consommation de viande plutôt raisonnée par rapport à la moyenne.
Nous ne mangions déjà aucun produit animal le soir.
Mon ex-mari avait continué sur cette lancée. Mon Beau Chéri quant à lui a décidé dès le début de notre relation de manger comme moi à la maison, ce qui ne l’empêche pas de manger ce qu’il veut quand on est à l’extérieur.

Du coup, toute la semaine, comme c’est moi qui cuisine, je n’ai plus à faire de viande, mais j’en faisais le Week-end avant.
Je suis capable (dans le sens: j’ai encore la capacité) de cuisiner de la viande.
Je sais que pour certains végés, c’est strictement impossible.
Dans ce cas, plutôt que d’agresser son conjoint comme je peux le lire sur certains groupes, en lui balançant une casserole et en lui disant de se faire à bouffer lui-même, je pense que le dialogue est de mise.
Pourquoi ne pas dire à son conjoint que le fait même de cuisiner de la viande nous met très mal à l’aise, que nous ressentons du dégoût et que nous en souffrons? Lui demander comme un service de s’occuper de la partie carnée de son repas?
En quelques sortes: partir de SON ressenti, sans accuser.

J’entends d’ici les féministes monter sur leurs grands chevaux! Je sais que le partage des tâches ménagères est encore mal réparti dans notre beau pays, et qu’en aucun cas le fait qu’un homme cuisine ne doit être considéré comme un service qu’il rend à sa femme. Mais pour moi nous sommes là dans un cas différent.
Chez nous par exemple, je travaille à la maison et j’ai plus de temps. Je prends en charge la partie courses et cuisine et franchement, je n’ai pas du tout envie de déléguer ça, sous peine de bouffer des pâtes à l’eau tous les soirs^^

En devenant végé, j’ai appris une autre manière de cuisiner, et j’ai fait découvrir de nouveaux plats à ma famille.
Notre manière de manger a changé, sans pour autant qu’ils deviennent végétariens.
Tant pis, vraiment.
Je ne veux vraiment pas créer de tensions familiales à cause de ça, d’autant que je suis convaincue que c’est strictement inutile. Vous commencez à me connaître: j’économise mon énergie dès que je le peux!
L’alimentation de chacun doit être respectée, et ça va dans les 2 sens!

Vous pouvez également démontrer les avantages de la réduction de viande sur le budget et la santé. Souvent l’argument économique est important chez les conjoints omni.

Je lis souvent des personnes qui sont gênées par le fait de faire à manger différemment selon les membres de la famille.
“C’est moi qui cuisine donc c’est moi qui impose mes choix, les autres n’ont qu’à suivre sinon ils mangent ailleurs”.
Encore une fois, c’est une manière frontale d’aborder les choses que je ne partage pas.
Quand on a un membre de la famille qui a une allergie alimentaire, on peut lui cuisiner des choses différentes sans que cela ne choque personne.
Le végétarisme est une allergie de l’âme à la souffrance^^

Pareil pour les enfants, je lis souvent: “Je fais un plat et s’ils n’aiment pas, ils ne mangent rien.”
C’est ce que j’ai longtemps cru qu’il fallait faire, jusqu’à ce que je me retrouve avec un enfant crudivore! Mon fils a 11 ans, et depuis ses 18 mois il est strictement incapable d’avaler un légume cuit.
Alors oui, je l’ai forcé, j’ai braillé, j’ai pris ça pour un caprice, etc… Mais c’est un véritable dégoût alimentaire qui le mène aux vomissements!
Est-ce vraiment nécessaire? L’important n’est-il pas qu’il mange sa dose de fruits et légumes journalières? Il les mange crus, voilà.
Donc chez moi, un repas classique, personne ne mange strictement la même chose.
Est-ce que c’est grave? Est-ce que ça remet en question mon autorité? Est-ce que mon fils est mal élevé pour autant? Est-ce que mon conjoint ne me respecte pas?
Non évidemment! Et pourtant je pense que c’est tout cela qui est au travail dans notre tête quand on décide que tout le monde doit manger la même chose dans une famille!

Cela ne me demande pas une énergie ni un temps supplémentaire particuliers.
Quand on fait une pizza, on fait une partie carnée et une partie végé, si besoin.
On peut rajouter simplement une pièce de viande à un plat végé pour son conjoint.
Ce n’est pas du tout la mer à boire niveau organisation.

• Dois-je cuisiner de la viande pour les autres?
La question des invitations revient souvent également.
Soit comment faire quand on est invité, soit comment faire quand on invite.
Quand je suis invitée, les gens savent maintenant tous que je suis végé, donc soit ils me font quelque chose à part, soit je mange les accompagnements.
Je ne me formalise pas avec ça.
Partant du principe que rien ni personne ne m’obligera jamais à manger de la viande, je suis tranquille et je ne veux pas de conflit.

Quand on invite des gens, la problématique est la même que lorsqu’on a un conjoint omni.
A chacun de se demander s’il est capable de cuisiner de la viande ou non, si cela implique un effort trop important pour lui ou pas.
J’ai déjà répondu à cette question pour ma part: je peux cuisiner de la viande, je n’aime pas ça mais ça ne génère pas chez moi un traumatisme insurmontable donc je le fais… ou pas.

Je le faisais beaucoup plus les 1ères années de mon végétarisme, beaucoup moins maintenant, peut-être parce que je me sens plus à l’aise avec la cuisine végé.

Sachez également que la pâtisserie végétalienne est extrêmement facile à faire, et souvent ni vue ni connue.
Je pâtisse désormais végétalien, et cela n’a jamais dérangé personne.
Les invités peuvent également être curieux de découvrir des recettes végés.

• Je suis un objet de curiosité
C’est normal!
Les végétariens représentant 3% de la population française, il est tout à fait prévisible d’être l’objet d’une attention particulière lorsqu’on sort de la norme.
Ce n’est pas grave!
Curiosité ne veut pas dire malveillance, elle est au contraire très saine et souvent propice aux échanges.
Il y a quelques semaines, je me suis retrouvée lors d’un déjeuner avec des collègues avec qui je n’ai pas l’habitude de manger, le centre de l’attention lorsqu’ils ont découvert mon végétarisme. Je peux vous dire que je n’étais pas particulièrement à l’aise car je ne suis pas d’une nature à me mettre beaucoup en avant.
Finalement j’ai répondu à leurs quelques questions, puis ils sont passés à autre chose!

• On se moque de moi
Je dirais que tout dépend de la moquerie, de qui elle provient, et de notre susceptibilité.
Ces 3 points sont vraiment à prendre en compte.
Personnellement j’ai déjà subi quelques moqueries, mais de la part de personnes que j’estime beaucoup. Elles n’avaient pas pour but de m’humilier, et elles provenaient de personnes qui me chambrent généralement sur d’autres sujets!
Aucune importance, donc!
Je ne pense pas être quelqu’un de particulièrement susceptible, donc ça aide.
Souvent les moqueries s’arrêtent d’elles-mêmes lorsqu’elles se heurtent à de l’auto-dérision.
J’utilise beaucoup l’humour, dans plusieurs domaines de ma vie.
Alors oui, le cri de la carotte, j’en rajoute 3 tonnes avec mon interlocuteur et ça s’arrête de suite.
Soyez convaincus, n’attendez pas d’approbation de l’autre, faites les choses pour vous, et tout ira bien.

• On m’agresse
J’ai lu avec surprise que ce cas de figure existait!
Eh oui, il existe des personnes qui agressent verbalement les autres parce qu’elles ne mangent pas la même chose!
Dans ce cas ma préconisation est très simple: profil bas.

Si une personne en arrive à vous agresser, c’est que d’une manière ou d’une autre, le sujet a touché quelque-chose de sensible chez elle. Colère enfouie, culpabilité cachée, peur de la différence, de ce qui sort de la norme, il est probable que cette personne soit confrontée à une de ces 3 idées.
Répondre agressivement ne ferait qu’entraîner une escalade inutile.
Ce n’est pas s’écraser que de reconnaître les moments où objectivement il est inutile de la ramener davantage.
J’aime beaucoup l’idée de la force tranquille, ou bien celle d’une main de fer dans un gant de velours.
Je ne suis pas du tout quelqu’un d’explosif, d’agressif.
Par contre je suis déterminée.
Si quelqu’un m’agressait par rapport à mon alimentation, je pense que j’essaierais de me dire qu’après tout, sa colère lui appartient.
Ce n’est pas parce qu’on vous agresse que vous allez changer d’alimentation, c’est ancré en vous et c’est comme ça.
Par contre, il pourrait être très utile d’interroger votre relation avec la personne: est-ce une vague connaissance, quelqu’un de votre famille, votre conjoint?
Sa colère est-elle vraiment liée à votre alimentation ou pensez-vous qu’elle tire son origine au-delà de ça? Votre végétarisme n’est-il pas un prétexte?

* * *

Voilà, comme vous le voyez, il n’y a aucune solution miracle quand il est question de notre alimentation et de notre rapport aux autres.
Ce sont des choix très ancrés, très profonds et personnels.

J’aimerais quand-même rajouter une chose:
Je ne suis pas QUE végé.
Je suis une femme, une maman, une chérie, une travailleuse,  une administratrice de groupe, une blogueuse, j’ai des centres d’intérêts, j’ai mes qualités, mes défauts, bref… je suis une personne tout à fait normale (enfin presque)
Et je suis AUSSI végé.
Cela fait partie de moi mais je ne suis pas QUE ça.
Je trouve important de le rappeler car cela veut dire que j’estime que mon lien avec les autres est composé de plein de choses, même si mon végéta*isme me rend différente sur certains aspects.
Et je trouve qu’il est toujours primordial de s’appuyer sur ce qui nous rassemble plutôt que sur ce qui nous divise.

* * *

Comment ça se passe de votre côté?

Avez-vous déjà été confrontés aux exemples que je cite? A d’autres réactions?


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Je dis ça comme ça mais il faut absolument que tu lises mon e-book “Tordue et alignée !”, c’est pour ton bien!