Il y a 2 ans 1/2 (déjà ???) j’avais écrit un post que j’avais intitulé « La slow réaction ».
Pour cette série sur le bien-être numérique, je l’ai actualisé et dépoussiéré !
Je vous fais part de mon expérience, j’en ai tiré quelques petites « règles » qui sont surtout des pistes de réflexion, et j’espère que ça pourra vous servir dans votre quotidien de consommateur.ices de contenu, afin d’essayer de rendre les espaces numériques plus cool.
Je sais aujourd’hui que c’est une goutte d’eau dans l’océan, et que, par essence, les réseaux sociaux ne PEUVENT PAS être cool.
Ils ne PEUVENT PAS exister en étant cool.
Ils se nourrissent en grande partie de tout ce qui n’est pas cool : réactions impulsives, émotions fortes, FOMO (peur irrationnelle de manquer une info), dépendance, polémiques stériles, etc.
C’est comme si on demandait à une plante de vivre sans lumière.
La retenue, la mesure, l’humilité, le calme, ont difficilement leur place sur les réseaux.
Mais j’aime bien me battre contre des moulins à vent, alors on va essayer !
Il y aurait des tonnes et des tonnes de choses à dire sur le sujet, mais aujourd’hui je vais juste parler des réactions d’impulsion qu’on peut avoir en lisant des contenus sur les réseaux sociaux.
Imagine…
… Tu es confortablement installé.e sur ton canapé, pelotonné.e dans un plaid ou au contraire avec une bonne boisson fraîche s’il fait chaud. Tu viens de faire pas mal de trucs utiles, la cuisine, le ménage, ou alors tu rentres du travail et ça te fait du bien de te poser.
Tu regardes mes stories.
Ah la la, Marie Salade raconte avec toujours autant de passion la vie de son Seigneur et Maître félin, partage des articles qui lui ont plu et montre ce qu’elle mange.
Tu me regardes, m’écoutes, me lis, peut-être depuis des mois voire des années.
Je fais partie de ton décor quotidien.
Ce que tu ressens :
Nous sommes toutes les 2 en train de papoter comme 2 vieilles copines de sujets qui nous tiennent à coeur ou bien de choses futiles et rigolotes du quotidien.
Comme dans une telle conversation, on rebondit sur ce que dit l’autre, on fait chacune part de notre expérience, etc. On discute, quoi.
La réalité :
Nous ne sommes pas 2 copines en train de papoter entre nous.
En fait, nous sommes environ 3500 personnes (le nombre de gens qui regardent mes stories chaque jour) dans une pièce immense, mais il se passe quelque chose d’étrange :
– Toi, tu n’entends et ne vois que moi.
– Moi, je ne vois personne mais 3500 personnes potentiellement me parlent. Bien sûr, heureusement que non, mais c’est plus de 100 messages de personnes différentes par jour, sans compter les commentaires et les mails.
Toi, tu écris à peut-être 3, 5, 10 personnes dans la journée.
Moi, je reçois des centaines de messages.
Toi, tu connais plein de choses de moi.
Moi, je ne connais RIEN de toi, ton nom, ton âge, ton visage, ta voix, ton travail, tes centres d’intérêt : RIEN.
Cette relation est déséquilibrée.
L’envers du décor :
Je passe souvent entre 1h et 2h par jour à lire des messages du type : « Ah ah moi c’est pareil », « Mais grave, je suis d’accord ! », « Tu as lu l’article sur tel sujet ? », « Rien à voir mais c’est quoi ton rouge à lèvres », « Tu as oublié de dire que… », et 3 stories plus tard « Ah non, tu l’as dit, oups », « recette ? » ( #lesvraissavent )
Décryptage
Ce sont des messages qui sont gentils (sauf le dernier, lol) et qui me laissent penser que vous vous sentez proches de moi. Et j’en suis en partie responsable car la présence régulière génère ça de fait, à force de voir ma tronche tous les jours, je fais partie de votre vie.
Seulement voilà, et j’en suis la 1ère désolée : vous ne pouvez pas attendre de moi la même chose que de n’importe laquelle de vos copines.
Votre copine, en plus de sa vie professionnelle, familiale, amicale et de maintenir ses fonctions vitales actives (manger et donc cuisiner, dormir), comme moi en fait (rappel que je suis un être humain également), votre copine, donc, a peut-être 3 ou 5 conversations dans la journée avec sa famille, son mec et ses autres copines.
Pas 150, comme moi.
Pourtant, j’adore échanger avec vous.
Je réponds volontiers quand on me pose une question (mais toujours pas « recette? »), si je peux renseigner ou aider, je le fais de bon cœur.
J’adore aussi avoir des retours posés sur mon travail, que ce soient mes articles sur mes réseaux ou bien mes livres.
Alors comment on fait ?
Voici quelques pistes !
1/ Limiter le nombre de comptes qu’on suit.
J’en ai déjà parlé dans cette série donc je ne vais pas m’éterniser.
Ça permet de suivre vraiment le contenu des créateur.ices, de savoir un peu comment iels fonctionnent, de retrouver les infos.
2/ Les questions Google, c’est non !
Tout ce à quoi un moteur de recherche peut répondre : posez-lui la question directement.
Google (ou un moteur de recherche + responsable) n’est jamais fatigué de vous renseigner, jour et nuit !
Exemple :
« Ça veut dire quoi SPM ? », « C’est quoi un oya ? » = Google
À l’inverse : « Est-ce que tu as testé une alternative éthique à tel ou tel truc ? » : OK.
Google ne peut pas vous renseigner sur mon avis ou mon expérience sur qq chose.
3/ Lire un post ou regarder une story en entier avant de réagir : la réponse à votre question se trouve peut-être juste un chouille plus loin.
4/ Éviter de réagir à chaud.
Ça évite souvent d’être désagréable.
À moins d’exposer factuellement et posément un avis contraire ou nuancé, un « N’importe quoi » ou « Ça ressemble à rien » n’a jamais rien apporté à personne.
Même à vous : êtes-vous vraiment soulagé.e d’avoir posé votre caca virtuel sur le paillasson virtuel de qq’un d’autre ?
5/ Se demander si son avis ou sa réaction est sollicité.
Spoiler alert : ce n’est pas parce qu’un.e créateur.ice de contenu a choisi son activité et expose un avis publiquement qu’elle doit recevoir l’avis de tout le monde tout le temps.
C’est comme si un boulanger, puisqu’il a une boutique dans l’espace public, devait recevoir l’avis de tout le monde chaque jour collé sur sa vitrine de chacun de ses produits.
6/ Les créateur.ices de contenu ne sont pas des psychologues, des coachs de vie, des confidents, ni même des conseillers privés de leur domaine d’activité, directement accessibles 24/7 depuis votre smartphone.
Pour ma part, je ne fais pas de conseil budgétaire personnalisé, je n’ai pas d’avis à donner sur votre couple et je ne sais pas quoi faire quand on m’envoie des romans qui parlent d’une relation à l’argent problématique depuis l’enfance.
N’accordez pas votre confiance comme ça aux gens que vous suivez sur internet BORDEL !
7/ Les créateur.ices de contenu ne sont pas non plus des assistants personnels.
« Tu peux me renvoyer le post où tu parles de tel sujet » quand c’est l’avant-dernier = non.
« Je pars en vacances en Bretagne, comme tu y habites tu peux me faire un itinéraire des lieux à visiter ? = non.
« Je sais pas quoi lire, tu peux me donner des idées de lectures ? » = non, regarde sur mon compte.
Voilà, j’ai brièvement abordé qq points qu’on peut modifier dans nos comportements assez facilement, et que j’essaie de mettre en place moi aussi en tant que consommatrice de contenu.
J’essaie également de trouver des solutions pour éviter à mes abonné.es d’avoir ce genre de comportement, en pérennisant au maximum ce que j’écris et en faisant en sorte que les infos puissent être retrouvées.
Quand je suis vraiment débordée, il m’arrive aussi de couper les réactions aux stories, ou d’arrêter de poster un moment.
Ce très long post pourrait se résumer en une phrase : « On n’est pas obligé d’écrire TOUT ce qui nous passe par la tête ! » C’est ça, la slow réaction pour moi !
Et pour vous ?
Avez-vous déjà pensé à la question ?
Quel genre de consommateur.ice de contenu êtes-vous, bavard .e, fantôme ?
Comment vous vous positionnez par rapport à tout ça ?
Avis sollicités, ah ah ah !