En décembre, je me suis retrouvée à acheter des clémentines corses bio à 6,95€ le (putain de) kilo.
A ce prix-là, ouais, franchement, j’ai buggé dans le rayon fruits et légumes en mode « poule devant une balle de ping pong ».
J’en ai finalement pris 8, et j’ai payé ça 3 ou 4€. Ouais, c’est cher.
Et ouais, si j’avais acheté un filet de clémentines d’Espagne au supermarché, ça m’aurait coûté moins cher. 

Je gagne l’équivalent d’un SMIC, et j’ai acheté ces clémentines.
Pourquoi?

Pour moi, les clémentines en hiver, c’était vraiment un produit de base, le genre de truc que t’achètes sans réfléchir. Jusqu’à ce que tu te décides à tout acheter bio, car là, t’es quand-même obligé de réfléchir un peu. Quand tu décides d’acheter bio et en priorité local, ça se corse (il est pas génial mon jeu de mots ?)

Toutes mes réflexions m’ont amenée à réaliser plusieurs points.

On est tellement habitué à pouvoir consommer tout, n’importe quand, et à bas prix, qu’on se retrouve à bugger devant des clémentines.
Je ne peux pas financièrement me permettre ce genre d’achats toutes les semaines.
Alors quoi?
Eh bien j’ai réalisé que faire un achat en conscience permet de cultiver la gratitude et non pas la frustration comme on pourrait le penser!
Je ne suis pas portée sur le masochisme (« J’suis pas venue ici pour souffrir OK???? ») et je ne me frustre pas pour le plaisir, du coup je réalise que consommer un produit plus rarement augmente le plaisir qu’on a à le faire.

Une fois de temps en temps (une fois par mois, je dirais, à peine), je m’achète un avocat bio qui coûte presque 2€ pièce. Eh bien ça me ramène au fait que c’est un produit qui n’est pas du tout local et je trouve ça très bien qu’il soit cher car ça me dissuade d’en acheter, et je peux vous dire que je le déguste. Je le consomme avec une mayonnaise vegan qui coûte 2 à 3 fois plus cher qu’une mayonnaise classique et qui est conditionnée dans un pot en verre.
Pour en revenir aux clémentines, je n’aurais pas du tout le même plaisir à en manger à moins de 2€ le kilo qui viennent d’Espagne.

La base de mon alimentation, c’est mon panier AMAP, dont les légumes sont bio et cultivés à 6 km de chez moi (voir mon article : « 10 raisons pour passer au panier AMAP ». Oui, moi aussi avant j’avais des freins pour le faire, j’ai mis des années à sauter le pas).
Du coup, pour le reste, je m’oblige à me poser la question de la provenance et de la priorité dans mes envies.

On est dans un monde où manger ce qu’on veut quand on veut semble être devenu un droit inaliénable.
Y a même plus de plaisir, c’est juste un dû.

Ben non, moi je suis pas d’accord, et je ne me sens pas privée pour autant.

Au contraire même, j’ai un énorme rapport de gratitude avec la nourriture.

Pour aller encore plus loin, j’ai la satisfaction de me dire que malgré mes tous petits revenus, je me donne la capacité financière de m’acheter des produits luxueux.
Parce que ouais, des clémentines à 7 balles le kilo, pour moi c’est un luxe.
Et je le fais. Je me sens so badass. J’ai l’impression de boire une coupe de champagne sur un yacht.

Beau Chéri et moi sur notre yacht. Ah non pardon, c’est mon mood quand je mange une clémentine corse. Bon OK, crédit photo: alamy.com C’est bon, hein.

Autre piste de réflexion qui me semble importante :
Si moi je peux le faire, vous pouvez sûrement le faire aussi.
A moins de réellement bénéficier d’un minima social, sur une période transitoire, il est TOUJOURS, je dis bien TOUJOURS possible de réaménager sa consommation pour y faire entrer ce genre de produits si on le souhaite.
On ne peut pas dire : « Je n’ai pas d’autre choix que de manger des clémentines espagnoles ».
Ce n’est pas vrai, on a toujours le choix, ne serait-ce que de ne pas en consommer.

Ca nous demande juste de déprogrammer notre cerveau et de le reprogrammer avec notre propre systême de valeurs, en faisant fi des injonctions sociales ou de la pub.
(On n’utilise pas assez l’expression « faire fi », vous ne trouvez pas ?)
Déprogrammer « Les clémentines sont des objets de consommation courants, tout le monde en mange tous les jours pendant l’hiver » et programmer « Je refuse d’acheter des clémentines conçues dans des conditions hyper polluantes et pas respectueuses de l’Homme, je décide que les clémentines sont des produits de luxe, aussi quand je m’en achète, je les savoure en conscience ».


Voilà, c’était ma petite réflexion du jour ( #teamcerveaufou )
Et vous, qu’est-ce que ça vous évoque?
Est-ce qu’il y a des produits chers que vous vous offrez de temps en temps et qui vous mettent en joie?


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Je dis ça comme ça mais il faut absolument que tu lises mon e-book « Tordue et alignée ! », c’est pour ton bien!